

Cinq colombes, symboles universels de la paix, lancés depuis le parvis de l’église de la Madeleine, virevoltent dans le ciel bleu de Paris. Cette image irénique a clôturé la messe d’ouverture de la trêve olympique, célébrée vendredi 19 juillet, présidée par Mgr Laurent Ulrich, archevêque de Paris, à une semaine du début des Jeux olympiques 2024 (26 juillet-12 août).
Deux ministres présentes
Dans la grande église parisienne de la Madeleine, sous les auspices des drapeaux français, olympique et du Vatican, l’Allemand Thomas Bach, président du Comité international olympique (CIO), l’organisation créée par Pierre de Coubertin en 1894, est assis à côté de la maire de Paris, Anne Hidalgo, venue pour célébrer un moment de « fraternité ». Deux membres du gouvernement, la ministre de la culture, Rachida Dati, et la ministre des sports, Amélie Oudéa-Castéra, sont également présents, au premier rang. Il y a cent ans, en 1924, année où la France organisait l’événement sportif, c’est à Notre-Dame de Paris que la messe d’ouverture avait été célébrée.
Mgr Emmanuel Gobilliard, évêque de Digne et délégué du Vatican pour les Jeux olympiques et paralympiques de Paris 2024, rappelle d’ailleurs que l’histoire de l’olympisme n’est pas étrangère à la foi chrétienne, bien au contraire. La devise olympique – « plus vite, plus haut, plus fort » – inspirée par le dominicain Henri Didon et le mouvement olympique donne une place particulière aux questions spirituelles en demandant la mise en place d’un centre multiconfessionnel au sein du village des athlètes à chaque édition des JO.
« La paix vient de Dieu »
Et pour Mgr Gobilliard, cette tradition de la « trêve olympique », bien plus un souhait ardent qu’une réalité, conserve tout son sens dans une actualité souvent tragique. « Cette messe est un message : la paix vient de Dieu, souligne-t-il. À chaque célébration, nous demandons la paix. Sans son aide, en ne comptant que sur nos forces, on ne peut pas y parvenir. » Sur les marches devant l’église, Mgr Patrick Chauvet, curé de la Madeleine, accueille, sous le soleil, les évêques, les prêtres mais aussi les nombreux ambassadeurs de tous les pays du monde, venus pour la messe.
Comment croire en une trêve olympique alors que les conflits sur le globe sont si nombreux, à commencer par l’Ukraine et Gaza ? « Lors de cette messe, nous vivons un moment de communion, même de courte durée, plaide Mgr Chauvet. C’est un signe de cette petite espérance qui nous anime tous, croyants ou non. »
Au début de la célébration, en présence de nombreux bénévoles portant le maillot jaune du projet de mobilisation de l’Église pour les Jeux olympiques et paralympiques, baptisé « Holy Games », l’archevêque de Paris a lu le message du pape pour l’occasion. François espère notamment que les JO soient une « occasion de concorde fraternelle » pour « le peuple de France ». Il a également livré un nouveau plaidoyer pour le sport, « langage universel qui transcende les frontières, les langues, les races, les nationalités et les religions ». Des mots salués par le président du CIO, qui a déjà rencontré à plusieurs reprises le pape François. Ce dernier a également souhaité « ardemment que chacun ait à cœur de respecter cette trêve dans l’espoir d’une résolution des conflits et du retour à la concorde. »
La trêve olympique jusqu’au 15 septembre
Dans un souci d’universalité, la prière universelle a été proposée en plusieurs langues, dont celle des signes pour rappeler que la trêve olympique s’étend jusqu’au 15 septembre, soit une semaine après les Jeux paralympiques. En revanche, sans doute pour ne pas en oublier ou conserver une forme de neutralité, aucune région du monde, où les armes se font entendre, n’a été citée précisément. La célébration s’est achevée de manière solennelle par l’hymne du CIO, qui a retenti sous les voûtes de la Madeleine, comme un avant-goût des Jeux olympiques.
- Arnaud Bevilacqua, 19/07/2024 à 15:53